De Alaska à Don’t Forget Me : L’odyssée musicale de Maggie Rogers
- Rym
- 20 mars
- 6 min de lecture
En l’espace d’une décennie, Maggie Rogers est passée d’étudiante en musique à artiste reconnue amassant 7,6 millions d’écoutes mensuelles sur Spotify. Naviguant entre folk, pop, rock et électro avec une sincérité qui touche en plein cœur, chaque projet sorti représente une nouvelle facette de son évolution, tant musicale que personnelle. Retour sur sa discographie.
Débuts marqués par une révélation fulgurante et inattendue
Originaire du Maryland, Margaret Debay Rogers a grandi bercée par le folk avant de découvrir l’électro, ainsi que d’autres genres. En 2016, et alors étudiante de 22 ans à la New York University of Tisch School of Arts, elle voit sa carrière bousculée lorsqu’elle présente son titre Alaska à Pharrell Williams lors d’une masterclass. Ce dernier s’avère profondément admiratif de la fraîcheur de son son folk, aux accords simples, intégrant des percussions texturées, une basse discrète et des synthés aériens. La vidéo de leur échange devient virale et propulse Maggie Rogers sous les projecteurs.
Les maisons de disques se bousculent pour la signer, mais la jeune femme choisit Capitol Records, tout en gardant un contrôle total sur sa musique.
Now That the Light Is Fading - 2017
Après l’explosion médiatique d’Alaska, Maggie Rogers sort son premier EP, Now That the Light Is Fading. Un projet qui mélange folk, pop et touches électroniques, créant une atmosphère aérienne et organique. Alaska, évidemment, en est le joyau, accompagné de 4 autres chansons.
L’EP est porté par des percussions légères mais très présentes, des harmonies envoûtantes et une production qui transporte l’auditeur ailleurs : production éthérée, rythme hypnotique et mélodies qui semblent flotter. La critique salue ce premier projet et confirme le potentiel de l’artiste.
À écouter absolument : Alaska, Better
Heard It in a Past Life – 2019
En 2019 Maggie Rogers sort son premier album studio, Heard It in a Past Life, sous son propre label, Debay Sounds, en partenariat avec Capitol Records. C’est un album intime et puissant, où elle aborde le changement, l’identité et l’impact soudain de la célébrité sur sa vie.
La célébrité est un thème majeur : Light On et Overnight évoquent le vertige du succès, la perte de repères et la nécessité de se recentrer sur soi-même. Nous le montrent ces paroles “Crying in the bathroom / had to figure it out / With everyone around me saying ‘you must be so happy now’” (Light On). L’album rencontre un énorme succès, atteignant la deuxième place du Billboard 200, et lui vaut une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie Best New Artist. Light On devient même son premier morceau à atteindre la première place du Billboard Adult Alternative Songs.
En parallèle, elle enchaîne les performances live dans des émissions comme The Tonight Show, Saturday Night Live et le Today Show. Ses chansons commencent aussi à être utilisées, comme dans la série Dickinson sur Apple TV.
À écouter absolument : The Knife, Past Life
Notes from the Archives: Recordings 2011-2016 – 2020
Avec Notes from the Archives: Recordings 2011-2016, Maggie Rogers plonge dans ses premières années musicales. Cette compilation regroupe des chansons écrites et enregistrées avant son ascension, offrant une plongée dans son évolution artistique, du folk brut à ses premières expérimentations électro.
L’album possède un côté journal intime musical, une archive où l’on découvre une Maggie plus jeune, plus introspective, avec une écriture très personnelle. Parmi les morceaux marquants, Satellite se distingue particulièrement selon moi : portée par un piano doux, des instruments à cordes et un cor français qui ajoute une touche émouvante, cette chanson vient clôturer le projet avec une profondeur émotionnelle saisissante.
“We live, we grow, we die, it snows / The rotation, the earth, the sun / We write, we read, we love, we need” Ces paroles arrivent comme une conclusion : le passage du temps et le mouvement perpétuel de la vie. Ici se cache une humilité, une façon d’admettre que l’on fait simplement partie d’un tout bien plus grand.
À écouter absolument : Satellite, New Song (ft. Del Water Gap)
Surrender – 2022
Dans une interview accordée à ELLE, Maggie Rogers revient sur la genèse de son album Surrender. Celle-ci change totalement de direction. Finie la douceur flottante des projets précédents, place à quelque chose de plus brut et intense.
Elle explique que cet album est né d’une période d’introspection profonde, notamment pendant la pandémie, où elle a ressenti le besoin de se reconnecter à elle-même et à sa créativité. Cette période l’a amenée à s’inscrire à la Harvard Divinity School, où elle a étudié la spiritualité et la philosophie, des expériences qui ont profondément influencé l’album.
Surrender se distingue par une énergie brute et une honnêteté émotionnelle, reflétant ainsi son désir de se libérer des attentes extérieures et de s’abandonner pleinement à ses émotions. C’est une véritable explosion d’énergie que nous offre Maggie Rogers. L’album est également marqué par une évolution sonore, incorporant des éléments plus rock et des arrangements plus dynamiques, tout en conservant la sensibilité lyrique qui caractérise son travail. Cette transformation reflète sa croissance personnelle et artistique, ainsi que son engagement à rester authentique dans sa musique.
That’s Where I Am est une claque euphorique, tandis que Begging for Rain apporte une pause plus intime et vulnérable.
Maggie Rogers s’entoure notamment d’artistes avec leurs styles distincts : Florence Welch (Florence + the Machine) apparaît sur Shatter en tant que “backing vocals” et joueuse de percussions, un morceau explosif, probablement le plus rock de l’album. Clairo et Claud figurent sur I’ve Got a Friend, chanson beaucoup plus légère et décontractée. Leur présence dans l’intro, en pleine discussion, renforce l’aspect intimiste et complice du morceau.
La chanteuse décrit cet album comme une joie sauvage (Feral Joy en anglais), une notion qui donnera son nom à la tournée qui suivra. Billboard classe Surrender parmi les meilleurs albums de 2022, et plusieurs morceaux apparaissent dans des séries comme XO, Kitty (Want Want) et Heartstopper (Shatter).
À écouter absolument : Horses, That’s Where I Am
Don’t Forget Me – 2024
Avec Don’t Forget Me, Maggie Rogers nous embarque dans un road trip musical, une douce introspection où elle explore son passé et observe son présent. L’album s’écoute comme un journal intime en musique, où elle raconte avec délicatesse des moments de sa vie : les amitiés qui évoluent, les relations amoureuses qui s’effacent, le temps qui passe et la manière dont on s’y accroche.
Loin des synthétiseurs qui tentaient Heard It in a Past Life, elle opte ici pour une accroche plus organique, où le pop-rock se mêle au folk et au soft rock. Cet album marque une nouvelle facette de son évolution musicale.
If Now Was Then illustre parfaitement son talent pour créer des morceaux entraînants et lumineux, tandis que I Still Do, en piano-voix, bouleverse par sa sincérité et sa douceur, évoquant un amour qui persiste malgré tout. L’album se clôt sur Don't Forget Me, une ballade poignante où elle réalise que certaines choses qu’elle pensait vouloir ne lui correspondent finalement pas. C’est une conclusion forte, une acceptation du chemin qu’elle a parcouru et de celui qui lui reste à tracer. Loin d’être un adieu, c’est une promesse de continuité : Maggie Rogers avance, et sa musique avec elle.
À écouter absolument : Don’t Forget Me, The Kill
Singles
En 2019, Maggie Rogers a sorti son single intitulé Love You for a Long Time. Elle s’inscrit dans l’ère Heard It in a Past Life et se caractérise en tant que chanson lumineuse et insouciante, déclarant un amour sincère. On y retrouve une guitare enjouée, des percussions légères et une ambiance folk-pop chaleureuse. L’artiste la décrit comme un cadeau à ses fans, les remerciant pour leur soutien depuis ces nombreuses années. Cette chanson a été jouée en live pour de nombreuses occasions, notamment lors d’un événement de campagne pour Kamala Harris en 2024.
Le 6 juin 2024, une collaboration entre Maggie Rogers et le groupe français L’Impératrice voit le jour. Ce morceau fusionne le style aérien et mélancolique de Maggie et la touche disco-funk du groupe, créant une ambiance entraînante et rétro.
Elle sortira ensuite le single In the Living Room le 8 octobre de la même année. Ce dernier poursuit l’ambiance intime et épurée de l’album, mais avec encore plus de simplicité. On retrouve Maggie Rogers dans une approche minimaliste : sa voix est mise en avant, accompagnée de quelques accords discrets, créant une sensation de proximité presque acoustique.
Une artiste en perpétuelle réinvention
Maggie Rogers n’a jamais cessé d’évoluer. De ses débuts folks à ses explorations électro, à ses explosions rock, elle se réinvente à chaque album, tout en restant fidèle à ce qui fait sa force : une sincérité brute et une musicalité toujours en mouvement.
Que ce soit à travers ses textes, sa voix ou ses productions, elle nous rappelle qu’il n’y a pas une seule façon de se trouver. Son parcours est une quête permanente, et une chose est sûre : on n’a pas fini d’en entendre parler!
Rym
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